Journal - Cinq Fois Douze
En la comparant à d’autres formes d’expressions artistiques, George Braque faisait remarquer que la photographie avait libéré la poésie entre autre du besoin de raconter une histoire.
Même si la photographie contemporaine déroge bien souvent à cette remarque de bon sens, il est vrai que c’est à l’art de photographier que revient la responsabilité de raconter la vie… La sienne et celle de ceux qui nous entourent.
Certains on fait de leur vie une œuvre d’images, d’autres se sont adossé à elle pour élargir leur propos, mais chaque photographie «raconte» en témoignant d’un auteur, d’une pensée, d’un environnement et donc d’une époque.
La réalité nous a rattrapé de manière brutale le 17 Mars 2020… pour soixante jours… et de ce confinement imposé, de cette “dystopie en marche” nous avons tiré la matière de ce Fanzine.
Cinq fois Douze, les minutes d’une heure écoulée et symbole duodécimal riche de significations… L’isolement et le temps qui passe.
De chez eux et avec les moyens du bord, les photographes de l’école des Gobelins (promotion 2021) ont réagis à leur manière, rendre compte sans se soucier de contraintes techniques. Par son immédiateté, son approche libre et alternative, l’impression en risographie de ce Fanzine répondait à cette volonté de mettre en image sans fard, sans filtre.
« C’est dans la boîte »… La photographie est un art de l’enfermement, une perception mise en détention. Par analogie, cet “entre soi” sanitaire imposé a révélé de nombreuses possibilités photographiques, réfléchir en image à ce que le monde nous donne à voir. Même de l’endroit qui n’en est que le plus petit dénominateur commun, chez nous.
L’occasion aussi peut être de faire mentir George Braque et de remettre dans notre réel immédiat un peu de poésie... s’élever en somme contre le dogme intenable de la surveillance et du chiffre.